La questiologie ou l'art de se poser des questions
24 mai 2022
"Si je disposais d’une heure pour résoudre un problème et que ma vie en dépende, je consacrerais les 55 premières minutes à définir la question appropriée à poser, car une fois cela fait, je pourrais résoudre le problème en moins de cinq minutes."
Albert Einstein
Dans un monde VICA (Volatil, Incertain, Complexe et Ambigu), savoir se poser de bonnes questions est une compétence primordiale, qui entre dans la catégorie des softs skills.
Notre système éducatif ne nous a néanmoins pas vraiment appris à nous questionner, car nous avons été récompensés sur notre capacité à donner les bonnes réponses à des questions prédéterminées ! Des générations entières pensent donc à trouver des réponses, moins à se poser des questions.
Se questionner est toutefois très important pour plusieurs raisons. Fournir une bonne réponse est vain si la question à la base est mauvaise. Au contraire, se poser de multiples questions permet d'apprendre, à l’exemple des enfants, qui eux s’en posent quotidiennement. Les questions permettent de chercher des réponses que nous n’avons pas encore, de découvrir le monde et de mieux le comprendre.
Poser des questions est également une occasion de transmettre. Plus l’on se pose des questions, plus on apprend et plus notre savoir s’agrandit. C'est pour cela qu'il est important de confronter les apprentissages de ses expériences aux connaissances formalisées dans les livres, les articles, les vidéos, etc.
Se questionner limite nos biais
Nous avons tous des croyances sur le fonctionnement du monde et sur nous-mêmes, c'est le mode automatique du cerveau (système 1) qui nous permet d'aller plus vite, mais qui ne nous rend pas toujours service et peut même créer des blocages.
L'art du questionnement nous rend capables de challenger ces croyances et de développer notre pensée critique, de manière à faire la part des choses et prendre du recul sur un sujet donné.
Ainsi, améliorer la qualité de nos questions impacte positivement la qualité de nos décisions. Car plus on se pose de questions, plus on est capable d’explorer les options qui s’offrent à nous au moment de faire un choix.
Savoir se poser de bonnes questions ouvre en effet de nouvelles possibilités, et c’est ainsi que des outils de créativité tels que les 6 chapeaux De Bono peuvent devenir d'excellents aides à la prise de décision.
La qualité de nos questions est une invitation à relativiser notre manière de réagir à une situation donnée. Ce sont nos questionnements qui orientent nos pensées pour transformer une situation problématique en opportunité.
Comment progresser dans l'art de poser des questions ?
Pour apprendre à se poser de bonnes questions, il suffit de s’entraîner régulièrement. On peut s’entraîner quand on fait face à un problème ou à un choix, quand on échange avec quelqu’un d'autre, quand on prend le temps de la réflexion, et en systématisant en fin de projet, de séquence ou d'action le temps de l'apprentissage: "qu'ai-je appris?", "comment aurais je pu faire moins, mieux, plus?", "ai-je fait de mon mieux ?".
Quels types de question se poser pour s’améliorer, et de quelle façon ?
Les questions ouvertes nous invitent à explorer notre créativité, tandis que les questions fermées limitent le champ des possibles (c'est le mode diagnostique de l'expert).
A chaque fois que l’on se pose une question ouverte, on peut toujours se demander s’il est possible de la rendre plus précise, plus spécifique afin d'explorer les mises en œuvre possibles.
Il est d'ailleurs rare qu'une seule question suffise à obtenir la réponse la plus satisfaisante. Il est alors pertinent de se poser plusieurs questions à la suite pour explorer les réponses, comme avec le pourquoi et le comment.
Le pourquoi permet de remonter à la source. C'est l'approche retenue dans la méthode des 5 "Pourquoi". Pour cela il suffit de se poser plusieurs fois la question "Pourquoi?" en rebondissant à chaque fois sur la réponse jusqu’à obtenir une information satisfaisante et actionnable.
Un autre type de question que l’on peut se poser plusieurs fois consécutivement est le comment. Le comment permet d’extraire des actions concrètes d’un objectif, d’une idée. Cette approche s'applique aussi bien en rétrospective pour capitaliser sur les apprentissages d'une expérience passée, qu'en prospective pour inventer le futur.
"Pourquoi" et "Comment" sont donc 2 outils de questionnement très utiles pour creuser et développer les réponses.
Les questions ouvrantes sont une autre possibilité de se remettre en question. Elles permettent de focaliser notre esprit dans une direction d'analyse donnée et de faire un pas de côté. On les appelle parfois les "questions débloquantes".
En pratique, appliquée par exemple en phase de déclusion d'une réunion :
- Question fermée : "Es-tu satisfait du résultat de la réunion ?"
- Question ouverte : "Que retiens-tu de cette réunion ?"
- Question ouvrante : "Quel est le meilleur moment que tu retiens de cette réunion ?"
Savoir se questionner est donc selon nous une des compétences les plus utiles à développer, car elle apporte de nombreux bénéfices. Elle nous aide à mieux apprendre, à mieux réfléchir, à mieux décider et à améliorer notre vie en général.
Pour mieux se questionner, on peut se poser des questions fermées, ouvertes, spécifiques, ouvrantes (méta-questions) ou encore les séquencer pour approfondir nos réponses.
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